17/10/22
C’est dans un contexte d’inflation inédit qu’ont été adoptées des mesures d’urgence, retranscrites au sein de la loi n°2022-1158 du 16 août 2022 portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat (ci-après la « Loi »). Cette Loi est entrée en vigueur le 18 août 2022, à l’exception de certains points spécifiques qui s’appliqueront à compter de 2023.
Formant un « paquet pouvoir d’achat » avec la loi de finances rectificative 2022, la Loi s’articule autour de trois axes principaux en vue de répondre aux enjeux actuels :
1. La protection du niveau de vie des français ;
2. La souveraineté énergétique ; et
3. Le renforcement de la protection des consommateurs dans le cadre de leurs relations contractuelles avec des professionnels
S’agissant de ce dernier axe relatif au renforcement de la protection des consommateurs, l’adoption de ces nouvelles dispositions aura un fort impact en pratique pour de nombreux contrats conclus par les professionnels avec des consommateurs.
Quelles sont les principales mesures visant à renforcer la protection des consommateurs ?
a. La possibilité de résiliation en ligne des contrats de consommation
Ainsi, les professionnels devront mettre à la disposition des consommateurs une fonctionnalité gratuite permettant d’accomplir, par voie électronique, la notification et les démarches nécessaires à la résiliation du contrat. Les professionnels seront tenus de garantir un accès facile, direct et permanent à cette nouvelle fonctionnalité. En pratique, une fois ce « bouton résiliation » actionné par le consommateur, le professionnel devra en accuser réception et sera tenu de l’informer, dans un délai raisonnable, de la date de fin du contrat et des effets d’une telle résiliation. Tout manquement à cette nouvelle disposition est passible d’une amende administrative pouvant atteindre 75 000 euros pour une personne morale.
Un décret viendra préciser les conditions d’application de cette nouvelle obligation, ainsi que sa date d’entrée en vigueur qui interviendra au plus tard le 1er juin 2023.
Afin de se conformer pleinement à cette nouvelle obligation, il apparaît notamment nécessaire que la présence de ce « bouton résiliation » se retrouve tant sur le site Internet du professionnel que sur son application mobile. Les entreprises devront également veiller à assurer la gratuité du recours à une telle fonctionnalité. Aucune rémunération – y compris de manière indirecte à travers la souscription d’une option supplémentaire – ne saurait ainsi être perçue par le professionnel.
b. Des frais de résiliation anticipée réduits en matière de téléphonie et d’accès à Internet
Par ailleurs, un consommateur ayant formé une demande de traitement de sa situation de surendettement jugée recevable sera en droit de résilier à tout moment et sans frais un abonnement téléphonique ou Internet.
Ces nouvelles dispositions s’appliqueront aux contrats conclus à compter du 1er janvier 2023.
c. Des règles spécifiques applicables aux contrats de services de télévision et média audiovisuels à la demande (dits « VàD »)
La Loi instaure un nouveau tempérament à cette règle concernant les contrats de fourniture de services de télévision ainsi que les contrats de fourniture de services de médias audiovisuels à la demande dits « VàD » (tels que Netflix, Amazon Prime, Apple TV ou encore Disney+). Ainsi, les consommateurs pourront désormais procéder à la résiliation gratuite de ces contrats, à tout moment à compter de la première reconduction, en cas de déménagement ou d’évolution de leur foyer fiscal.
a. Un alourdissement des sanctions encourues en matière de pratiques commerciales illicites
- 3 ans en cas de pratique commerciale trompeuse ou agressive ayant abouti à la conclusion d’un ou de plusieurs contrats ; et
- 7 ans en cas de pratique commise en bande organisée.
En outre, la Loi porte de 2 à 3 ans la peine d’emprisonnement encourue en cas de tromperie ou tentative de tromperie intervenue dans le cadre d’un contrat ou d’un acte à titre onéreux.
b. Publicité des injonctions prononcées par le Ministre de l’Economie et les agents de la DGCCRF
En cas de constat effectué à partir d’une interface en ligne d’une infraction aux règles relatives notamment à l’obligation précontractuelle d’information, aux pratiques commerciales ou encore aux règles relatives à la conformité et à la sécurité des produits, les agents de la DGCCRF peuvent notamment ordonner aux opérateurs de plateformes en ligne de prendre toute mesure utile pour faire cesser le référencement des interfaces en ligne dont les contenus sont manifestement illicites.
La Loi renforce le dispositif initialement prévu par la loi DADDUE. En effet, ces injonctions interviendront dorénavant par voie de réquisition et pourront désormais faire l’objet d’une publicité dont les conditions seront prochainement fixées par décret.
En synthèse, les professionnels doivent d’ores et déjà intégrer les incidences de la loi du 16 août 2022. Une vigilance particulière s’impose dans un contexte de renforcement des pouvoirs de la DGCCRF, d’autant que l’accélération du commerce numérique constitue l’un de ses sujets de préoccupation majeure avec notamment 16 000 contrôles de site internet réalisés en 2021.
Les professionnels sont ainsi tenus d’adapter leurs conditions générales et autres documents contractuels ainsi que les applications mobiles et sites internet. Plus largement, la conformité de leurs pratiques mérite d’être revue au regard de cette nouvelle réglementation et de la législation applicable (réglementation RGPD, droit de la concurrence, obligations sociales, environnementales, fiscales et TVA…).